Introduction
L'écosystème des conteneurs connaît une évolution majeure en 2025. Depuis la version 1.24 de Kubernetes sortie en 2022, Docker n'est plus le runtime de conteneurs par défaut, et cette transition continue de transformer profondément l'industrie. En octobre 2025, les dernières mises à jour de Kubernetes v1.34 et Docker Engine v28 illustrent cette évolution vers des architectures cloud-natives plus performantes et sécurisées. Cette transformation soulève une question cruciale pour les équipes DevOps : Kubernetes sans Docker est-il l'avenir de l'orchestration de conteneurs ?
Le contexte de la séparation Docker-Kubernetes
Docker Engine n'est plus le runtime par défaut
Depuis Kubernetes v1.24, l'utilisation de Docker comme runtime de conteneurs a été officiellement dépréciée. Cette décision stratégique marque un tournant dans l'histoire de l'orchestration de conteneurs. Docker avait été le pionnier et le standard de facto pendant des années, mais l'architecture de Kubernetes évoluait vers des besoins plus spécifiques.
La raison principale de cette transition réside dans la complexité inutile que Docker introduisait dans l'écosystème Kubernetes. Docker Engine contenait de nombreuses fonctionnalités destinées aux développeurs individuels et aux environnements de développement, mais ces fonctionnalités n'étaient pas nécessaires dans un cluster Kubernetes en production. Kubernetes avait besoin d'un runtime plus léger, plus rapide et plus focalisé sur l'orchestration à grande échelle.
L'émergence des nouveaux runtimes
En 2025, plusieurs runtimes de conteneurs ont émergé comme alternatives crédibles à Docker pour Kubernetes. CRI-O, initialement développé par Red Hat, est devenu un choix populaire pour les déploiements Kubernetes en production. Conçu spécifiquement pour Kubernetes, CRI-O implémente l'interface Container Runtime Interface (CRI) de manière native, offrant une intégration transparente avec les clusters.
containerd, un autre runtime majeur, a également gagné en popularité. Initialement développé par Docker Inc. puis devenu un projet indépendant de la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), containerd offre une architecture modulaire et légère. En 2025, containerd est le runtime par défaut dans de nombreuses distributions Kubernetes, y compris Google Kubernetes Engine (GKE) et Amazon Elastic Kubernetes Service (EKS).
Ces nouveaux runtimes apportent des avantages significatifs en termes de performance, de sécurité et de consommation de ressources. Sans la couche intermédiaire que Docker introduisait, les conteneurs démarrent plus rapidement, consomment moins de mémoire et offrent une surface d'attaque réduite pour les vulnérabilités de sécurité.
Les mises à jour clés d'octobre 2025
Kubernetes v1.34 : Sécurité et scalabilité renforcées
La version 1.34 de Kubernetes, publiée en août 2025 et largement adoptée en octobre, introduit plusieurs améliorations majeures. Les nouvelles fonctionnalités de mise à l'échelle automatique permettent aux clusters de gérer des charges de travail encore plus importantes avec une efficacité accrue. Les mécanismes de scaling horizontal et vertical ont été optimisés pour réagir plus rapidement aux variations de charge.
Sur le plan de la sécurité, Kubernetes v1.34 intègre des politiques de sécurité renforcées avec une meilleure isolation des workloads. Le système de gestion des secrets a été amélioré avec un chiffrement natif plus robuste. Les équipes de sécurité constatent déjà une réduction des vulnérabilités critiques et une meilleure posture de sécurité globale dans leurs clusters en production.
Docker Engine v28 : Correctifs de sécurité et compatibilité
Bien que Docker ne soit plus le runtime par défaut de Kubernetes, Docker Engine reste largement utilisé pour le développement local et les environnements CI/CD. La version 28, publiée en septembre 2025, apporte des correctifs de sécurité critiques qui corrigent plusieurs vulnérabilités identifiées au cours de l'été.
Docker continue d'investir dans la compatibilité avec Kubernetes. Les images Docker restent le standard de facto pour l'empaquetage des applications, et Kubernetes continue de les supporter pleinement. Cette compatibilité assure une transition en douceur pour les organisations qui migrent progressivement vers des runtimes alternatifs.
L'impact sur les pratiques DevOps
Simplification des architectures cloud-natives
L'adoption de runtimes natifs pour Kubernetes simplifie considérablement les architectures cloud-natives. Les équipes DevOps constatent une réduction de la complexité opérationnelle, avec moins de composants à maintenir et à surveiller. Cette simplification se traduit par des temps de déploiement plus rapides et une meilleure fiabilité des applications en production.
Les outils de CI/CD ont également évolué pour s'adapter à cette nouvelle réalité. Des solutions comme GitLab CI, GitHub Actions et Jenkins proposent désormais des intégrations natives avec containerd et CRI-O, permettant de construire et déployer des conteneurs sans dépendre de Docker.
Migration progressive et coexistence
La transition vers les nouveaux runtimes ne signifie pas l'abandon immédiat de Docker. De nombreuses organisations adoptent une approche progressive, maintenant Docker pour le développement local tout en utilisant containerd ou CRI-O en production. Cette coexistence permet aux équipes de bénéficier des avantages des nouveaux runtimes tout en préservant les workflows de développement établis.
Les statistiques d'adoption montrent que plus de 60 pour cent des nouveaux clusters Kubernetes déployés en 2025 utilisent containerd comme runtime principal, tandis que Docker reste présent dans environ 30 pour cent des environnements, principalement pour des raisons de compatibilité avec des applications legacy.
Expansion vers de nouveaux domaines
Edge computing et environnements hybrides
Kubernetes et les nouveaux runtimes de conteneurs s'étendent rapidement vers l'edge computing. Les architectures légères comme K3s, optimisées avec containerd, permettent de déployer des clusters Kubernetes sur des dispositifs à ressources limitées. Cette expansion ouvre de nouvelles possibilités pour l'IoT, les déploiements sur site et les architectures distribuées.
Les environnements hybrides, combinant cloud public, cloud privé et infrastructure on-premise, bénéficient également de cette évolution. La standardisation autour de l'interface CRI facilite la portabilité des workloads entre différents environnements, offrant une véritable flexibilité multi-cloud.
Machine learning et traitements intensifs
L'orchestration de workloads de machine learning avec Kubernetes connaît une croissance explosive en 2025. Les nouveaux runtimes de conteneurs, optimisés pour la performance, permettent d'exécuter des modèles d'IA avec une latence réduite. Des projets comme Kubeflow bénéficient directement de ces améliorations, offrant des pipelines ML/Ops plus efficaces.
La gestion des GPU et des accélérateurs matériels a également été simplifiée avec les runtimes modernes. Les frameworks comme NVIDIA Container Runtime s'intègrent désormais de manière transparente avec containerd et CRI-O, facilitant le déploiement d'applications d'intelligence artificielle à grande échelle.
Les défis et considérations pour 2025-2026
Courbe d'apprentissage et formation des équipes
La transition vers les nouveaux runtimes nécessite un investissement en formation pour les équipes DevOps. Bien que les concepts fondamentaux restent similaires, les outils de diagnostic, le débogage et la gestion des conteneurs diffèrent entre Docker et les alternatives. Les organisations doivent prévoir des programmes de formation pour accompagner cette transition.
Écosystème d'outils et compatibilité
L'écosystème d'outils autour de Docker reste très riche, avec des années d'investissement dans des solutions de monitoring, de sécurité et de gestion. La migration vers containerd ou CRI-O nécessite parfois l'adoption de nouveaux outils ou l'adaptation des solutions existantes. Cette transition représente un coût qui doit être pris en compte dans les stratégies de migration.
Conclusion
L'évolution de Kubernetes sans Docker comme runtime par défaut marque une maturité de l'écosystème cloud-native. En 2025, les nouveaux runtimes de conteneurs comme containerd et CRI-O offrent des performances supérieures, une meilleure sécurité et une architecture plus adaptée aux besoins de l'orchestration à grande échelle. Les mises à jour récentes de Kubernetes v1.34 et Docker Engine v28 illustrent cette transition progressive vers des infrastructures plus efficaces et sécurisées.
Pour les équipes DevOps, cette évolution représente une opportunité d'optimiser leurs architectures cloud-natives tout en maintenant la compatibilité avec les workflows existants. L'année 2025 confirme que Kubernetes et les conteneurs restent plus pertinents que jamais, mais avec une architecture renouvelée qui répond mieux aux défis de scalabilité, sécurité et performance du cloud moderne.


